Les 9 et 10 novembre 2023 avait lieu le séminaire annuel du Réseau National Echouages, ou RNE. Le RNE c’est un réseau de près de 500 correspondants distribués sur l’intégralité du littoral français (outremer inclus), qui interviennent sur les quelque mille échouages, y inclus animaux en détresse, signalés annuellement. Il existe depuis 1970.
Les correspondants RNE suivent une formation spécifique et sont mandatés pour agir sur les échouages. Leurs interventions permettent de collecter des échantillons selon un protocole standard, défini par Pelagis, coordinateur scientifique du réseau. Pour chaque animal échoué sont ainsi notées (outre le lieu, date etc) des données relatives à l’espèce, l’âge, l’état général, des échantillons d’organe, et plus lorsqu’une autopsie est réalisée par un vétérinaire du réseau. Ces échantillons ont permis de constituer une base de données précieuse à l’étude des mammifères marins : informations d’abondance relative et de distribution des mammifères, causes de mortalité, suivi de la pollution par les toxiques chimiques.
Outre ces aspects, les informations collectées ont également participé au développement d’une méthode qui permet d’apprécier la provenance des animaux échoués par « dérive inverse » : partant du lieu d’échouage, on utilise les données météo et de courants et on remonte à la zone où l’animal est mort, ce qui est très utile quand il s’agit d’accident de pêche ou avec un navire. On espère ainsi pouvoir à l’avenir voir adoptées les mesures ad’hoc pour limiter les captures par pêche.
Les séminaires annuels sont l’occasion de faire le point sur l’évolution des échouages et des travaux scientifiques réalisés. Cette année, après avoir examiné les tendances 2022, nous avons parlé du suivi d’une baleine à bosse à la Martinique, du sauvetage d’une autre dans le barrage de la Rance, des captures d’oiseau marins, d’élasmobranches, de tortues, de l’état des populations de dauphins communs et des contaminations chimiques observées. Bref un week end bien riche.
Où en est-on en matière d’échouages ? On observe une augmentation croissante depuis 1990. En 2022 ce sont 1676 mammifères qui se sont échoués, dont 1189 cétacés (16 espèces) et 487 pinnipèdes (4 espèces).
Atlantique | Manche – Mer du Nord | Méditerranée | |
Dauphins communs | 682 | 66 | 2 |
Dauphins indifférenciés | 82 | 14 | 6 |
Marsouins communs | 57 | 122 | |
Grands dauphins | 23 | 7 | 11 |
Dauphins bleu et blanc | 19 | 37 | |
Total Cétacés | 904 | 219 | 66 |
Phoque gris | 27 | 205* | |
Phoque veau marin | 1 | 115* | |
Total Phocidés | 34 | 453* |
Echouages de mammifères marins (sélection d’espèces) 2022 – rapport annuel RNE-Pelagis 2022
*ces chiffres incluent la Manche-Mer du Nord et la Bretagne
Si tu veux en savoir plus, clique sur les noms des espèces du tableau, et tu accèderas à leur fiche Doris !
Les échouages ont lieu principalement sur la côte atlantique, où ils sont en augmentation depuis 2016, leur nombre est plus stable en Manche et Méditerranée. En termes d’espèces, les dauphins communs dominent en Atlantique, les marsouins communs en Manche et les dauphins bleu et blanc en Méditerranée. La capture accidentelle est la principale cause de mortalité chez le dauphin commun, des cas sont également observés dans 5 autres espèces de cétacés et 2 espèces de phoques. Les autres causes d’échouages sont diverses, maladie, prédation, cause inconnue. Difficile d’en faire le résumé ici.
Enfin 2022 a également vu une grande variété d’espèces occasionnelles voire rares : un morse, un bélouga, un mésoplodon de True, un hyperoodon, un orque, un cachalot pygmée et 3 baleines à bec de Cuvier.
Dernière information qui nous tient à cœur : si vous constatez un échouage il y a 2 choses à faire :
- Noter l’endroit exact (commune, localisation, repères côtiers), l’accessibilité (sable ou rochers ?, marée), l’heure, l’état de l’animal (vivant, mort, décomposé) et l’espèce, même approximative (un phoque ou une baleine ?). Ne touchez à rien, ça peut être au mieux néfaste au suivi par le RNE, au pire dangereux pour vous (ce sont des mammifères donc une transmission de maladie est toujours possible) !
- Appelez le RNE au 05 46 44 99 10, même si l’animal est vivant.
Si l’animal est vivant c’est effectivement urgent, et le RNE sera le plus à même de contacter les personnes formées pour remettre l’animal à l’eau. N’essayez pas seul, et surtout pas sans gants.
Si vous souhaitez en savoir plus, n’hésitez pas à consulter le bulletin d’information semestriel.
Leur site web est aussi dispo ici : https://www.observatoire-pelagis.cnrs.fr